Un véritable retour au naturel est en train de s’opérer pour satisfaire la demande des clients. En effet, les parents s’interrogent de plus en plus sur les jouets qu’ils mettent entre les mains de leurs enfants. Ils sont plus sensibilisés au sujet et face aux révélations inquiétantes quant aux compositions parfois nocives des jouets, les actes d’achat de jouets sont plus réfléchis et engagés. En tant que designer spécialisée notamment dans le jouet et l’enfant, je me suis intéressée à cette tendance qui, loin d’être un effet de mode répond à une nécessité. Mais aussi, démontre comment le design contribue à apporter de belles innovations dans ce domaine .
LA TENDANCE EST AU JOUET PLUS RESPONSABLE EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT
Le dernier salon du jouet à Nuremberg en Allemagne, en janvier 2020 a souligné cette tendance green !
Effectivement, ce salon est l’un des plus grands salons du jouet au monde, et le plus grand d’Europe. C’est là-bas que se retrouvent tous les professionnels du jouet chaque année.
Il est ressorti une tendance évidente pour un jouet plus responsable en matière d’environnement.
“On est sur un retour au naturel. Pour nous, c’est la nature avec nos figurines animalières, pour d’autres fabricants, ce seront des jouets en bois. Au quotidien, on parle très souvent de la biodiversité, de la protection de l’environnement et les enfants y sont sensibilisés très tôt. On voit qu’on a une demande qui s’accélère très fortement et ce n’est pas la première année, c’est depuis 3 à 5 ans.” expliquait Alexandre Pratlong, directeur général pour la France du fabricant allemand Schleich à Ludovic Piedtenu pour France info.
Saviez-vous que le monde du jouet, en France, génère 75 000 tonnes de déchets par an ? Un désastre pour l’environnement…
Fabriqués à partir de produits de synthèse comme les plastiques, la majorité des jouets sont par conséquent polluants. En effet, de nombreux jouets sont faits en PVC, un matériau dont l’impact environnemental est très important.
De plus, bon nombre de peintures, vernis ou colles utilisés dans la fabrication des jouets sont potentiellement des sources d’émission de formaldéhyde, un produit désormais reconnu cancérigène. Heureusement, des alternatives existent aujourd’hui pour produire des jouets plus respectueux de notre santé et de l’environnement, c’est ce que nous allons découvrir ci-après.
LES CONSOMMATEURS AFFICHENT UN BESOIN DE NATURE
Les jouets “écologiques”, qu’ils soient en bois, en matière recyclée, tissu ou nouveaux matériaux recyclables, plébiscitent un réel attrait de la part des parents. La provenance est aussi un argument important dans leur choix. C’est-à-dire qu’ils privilégient la proximité. Depuis environ cinq ans, les consommateurs se posent des questions qu’ils occultaient avant :
- D’où vient ce produit ?
- Comment est-il fabriqué ?
- Le produit est-il français ?
- Les teintes sont-elles à l’eau ?
Les préoccupations éducatives des parents entrent également en jeu : disparition des écrans, volonté de transmettre des valeurs nouvelles et positives…
De nombreuses marques entrent alors dans une démarche éco-responsable. Poussées par les contraintes, les préoccupations environnementales et les prises de conscience des populations à travers le monde, les marques sont de plus en plus attentives à leur empreinte carbone et à l’amélioration des matériaux utilisés. Les clients attendent des matériaux respectueux de la santé, de leurs enfants et de la planète. Ils deviennent très exigeants avec les matières utilisées dans la fabrication des jouets.
Des matières et finitions révolutionnaires apparaissent sur le marché grâce à des marques audacieuses : plastiques recyclés et recyclables, les peintures naturelles…
Je vous invite par exemple à suivre une marque qui a fait le buzz ces derniers temps : Les Minimondes ! Cette marque conçoit des jouets 100% plastique recyclé, 100% Made in France et labellisé “Compost” !
Les distributeurs ont aussi identifié cet engouement écologique et s’adaptent pour répondre à cette demande du marché qui vient des consommateurs. Les clients se déplacent en magasin pour chercher des produits plus propres, recyclés, recyclables, etc. Dans cette dynamique, on peut citer l’exemple de King Jouet qui a débuté l’année 2021 par le lancement d’un tout nouveau concept de magasin de périphérie. Ce magasin valorise notamment, le développement de sa sélection de produits exclusifs, éco-responsables ou français. Enfin, l’enseigne envisage la mise en place, programmée dans les mois à venir, d’une offre de pièces détachées qui permettront d’assurer une plus grande longévité aux jeux et jouets.
ET LES PACKAGINGS DANS TOUT ÇA ?
En matière de packaging, le secteur du jouet n’est pas bon élève… qui n’a pas pesté sur la quantité astronomique de plastiques, d’attaches en plastique ou clips pour tenir les produits, de suremballage au moment de sortir un nouveau jouet de son écrin ? C’est pourquoi les marques commencent aussi à réduire au maximum le plastique et les emballages.
Car à bien y réfléchir, a-t-on vraiment besoin de plastique autour des jouets? Le toucher pourrait être un atout dans l’expérience client dans un magasin … Plus de la moitié des consommateurs affirment aujourd’hui que la recyclabilité, la durabilité et la biodégradabilité des emballages constituent des facteurs importants dans leurs décisions d’achat.
Cette nouvelle prise de conscience du consommateur pousse les marques à innover et adopter de nouvelles stratégies d’emballage écologique qui n’est plus une option mais une nécessité.
Le packaging reste essentiel, mais sa forme doit évoluer vers une approche plus épurée et respectueuse de l’environnement. C’est tout le travail des marques et des designers qui réfléchissent à des emballages toujours plus innovants et ingénieux …
On peut donner l’exemple de la marque Monday’s Child, une marque britannique, qui a conçu un carton original 2 en 1 qui fait office de colis postal et constitue aussi un jouet à lui tout seul. La marque offre ainsi une valeur ajoutée remarquable à ses clients et à l’environnement grâce à cet emballage réutilisable et dont la durée de vie est prolongée .
LE DESIGN COMME RÉPONSE À CETTE NÉCESSITÉ ÉCOLOGIQUE !
Au-delà de l’aspect esthétique, le design est un vecteur d’innovation. Explorant de nouveaux territoires pour l’objet, les designers deviennent de véritables acteurs de cet engouement pour un monde plus vert ! Ils rivalisent d’ingéniosité pour proposer des solutions surprenantes en terme de recherches de nouveaux matériaux écologiques. Un grand nombre de créatifs inventent de nouvelles matières premières et puisent dans un nouveau genre de ressources naturelles pour sauver la planète. Alors quels sont ces nouveaux matériaux naturels ?
En Italie, on a découvert que la combinaison des déchets alimentaires avec des bactéries et levures permet de créer un matériau de packaging entièrement jetable et biodégradable. Tandis qu’en Angleterre, le quotidien The Guardian a abandonné son enveloppe en polyéthylène au profit d’un emballage compostable à base d’amidon de pomme de terre.
Le mycélium (la partie végétative du champignon) représente une autre ressource très étudiée aujourd’hui car il se nourrit de déchets organiques mais aussi synthétiques. Certains créatifs utilisent l’herbe, le foin et des fleurs des champs, pressés comme matière première. Encore plus surprenant, saviez-vous que Martijn Straatman de Studio Tinus a poussé la réflexion encore plus loin en développant une collection de produits à base de fumier ? Apparemment, les excréments de chevaux possèdent d’excellentes qualités pour fabriquer du mobilier, elles seraient similaires à l’aggloméré.
L’industrie du papier, elle aussi, s’évertue à produire des nouveaux papiers conçus à partir de déchets végétaux ou textiles.
Il apparaît évident que tous les déchets peuvent être considérés comme une matière première. Ces innovations mettent en relief le potentiel infini dont regorge la planète et que l’inspiration pour trouver des solutions à nos préoccupations écologiques est peut-être, simplement, à chercher autour de nous…
A bientôt avec Barbara PES Design Studio !